BORDEAUX 2022

2022, UNE ANNÉE TRÈS CHAUDE ET SÈCHE

UN HIVER DÉJÀ SEC

Si le début de l’hiver et doux et humide, janvier et février sont quant à eux secs et ensoleillés, avec tout de même des gelées en janvier, tandis que février est plus chaud que la moyenne.

Un printemps chaud et sec où s’alternent les périodes de ralentissement et de fortes pousses de la vigne

Le printemps arrive progressivement avec toujours peu de pluies en mars et des températures toujours un peu supérieures à la moyenne. Le débourrement arrive ainsi à une date normale, dans la moyenne, entre fin mars et début avril.

Le mois d’avril connaît plusieurs épisodes de gel, dont des dégâts sont variables selon les secteurs, mais tout de même bien moins importants qu’en 2021 du fait du millésime moins précoce à ce moment de l’année. Avril est toujours peu pluvieux et le déficit hydrique entamé durant l’hiver se poursuit. Cela a pour conséquence de ralentir la pousse et même d’empêcher la formation de contre-bourgeons sur les parcelles touchées par le gel. Le retard dans la croissance de la vigne est rattrapé à partir de mi-avril avec la hausse des températures (supérieures à la normale).

Dès le début du mois de mai, le temps devient presque estival, avec des températures largement supérieures à la moyenne, dépassant plusieurs fois les 30°C – souvenez-vous, les médias parlaient alors du mois de mai le plus chaud depuis plus de 70 ans ! Durant ce mois très estival s’enchaînent les orages et des averses de grêle mais très localisées. Malgré cela, le déficit hydrique demeure, du fait d’une pluviométrie répartie de manière très hétérogène sur le vignoble et avec dans l’ensemble beaucoup moins de jours de pluie que d’accoutumé pour la période. Cela a pour conséquence de favoriser une croissance rapide de la vigne et de la rendre précoce : les premières fleurs éclosent mi-mai, soit bien plus tôt que la moyenne et la floraison se déroule parfaitement, de manière rapide et homogène.

UN ÉTÉ AMBIVALENT, TOUJOURS CHAUD ET SEC DANS L’ENSEMBLE

Le mois de juin est encore plus chaud que le mois de mai, avec là-aussi des températures qui figurent parmi les plus chaudes depuis 70 ans et un épisode caniculaire, des orages, des pluies importantes et parfois même de la grêle. Là encore, les dégâts sont très variables selon les secteurs. La vigne bénéficie à ce moment-là à la fois de fortes chaleurs et d’une bonne pluviométrie, gages d’un bon développement.

Le mois de juillet se poursuit dans la même lignée pour la chaleur et l’ensoleillement, mais c’est en revanche un mois sec. Les températures sont très élevées, avec encore une période caniculaire et l’absence de pluie amènent un net ralentissement de la pousse de la vigne et de la croissance des raisins. On retrouve alors une période de stress hydrique, notamment marqué sur les sols superficiels. A partir de là, les baies ne grossissent plus, ce qui expliquera leur petite taille finale.

La véraison commence à partir du 20 juillet. Là encore, cette dernière se déroule bien, de manière homogène et rapide, à l’exception de certaines parcelles très drainantes ou plantées de jeunes vignes, où des blocages ont pu apparaître. En revanche, certaines parcelles où l’effeuillage a été fort, commencent à montrer des signes d’échaudage.

La véraison s’achève vers la mi-août et quelques épisodes pluvieux permettent la maturation des baies. Le climat d’août, chaud et sec mais avec des températures nocturnes raisonnables se poursuit durant le mois de septembre permettant ainsi toute latitude dans le choix des dates de vendanges.

DES VENDANGES IDÉALES POUR PRESQUE TOUS LES VINS

La récolte des sauvignons démarre le 9 août, puis l’ensemble des blancs sont ramassés dans les semaines qui suivent (sémillons à partir du 13 août). Les raisins sont de belle qualité, particulièrement savoureux, avec des acidités relativement peu élevées mais tout de même appréciables, mais très aromatiques.

Du côté des vins rouges, la récolte est très belle, mais les baies sont de petite taille du fait de la contrainte hydrique. En revanche, elles atteignent une grande richesse en sucres. Les merlots, récoltés durant la première et la deuxième semaine de septembre sont particulièrement fruités, sucrés et dotés d’une acidité intéressante (Ph de 3,5).

Récoltés à partir de la mi-septembre et jusqu’au début du mois d’octobre, les carbernet-sauvignons sont dans le même cas (Ph de 3,4), forte richesse en sucres. La concentration en anthocyanes est également exceptionnellement élevée (pigments du raisin).

On peut donc dire que ces vendanges ont été plutôt « faciles » et idéales, permettant aux vignerons de choisir des dates de vendanges optimales pour les blancs secs comme les rouges.

Pour ce qui est des vins liquoreux du Sauternais en revanche, les choses ont été beaucoup plus compliquées. En effet, dès la fin août, les raisins destinés aux vins liquoreux sont prêts, parfaitement mûrs et sains, n’attendant plus que le fameux botrytis cinerea. Mais le beau temps perdure inlassablement, ne laissant pas la possibilité à la pourriture noble de s’installer. Mi-septembre, une partie des raisins, passerillés et non botrytisés, est ramassée, puis à partir du 24, avec l’arrivée de l’humidité, le botrytis se montre enfin, mais la concentration des raisins n’est pas encore optimale. Deux possibilités se sont alors offertes aux vignerons : récolter des raisins début octobre, vinifiables mais imparfaits ou prendre le risque d’attendre plus longtemps la concentration souhaitée. Heureusement, les températures remontent bien mi-octobre, permettant aux raisins d’atteindre une superbe concentration et donc de réaliser une récolte magnifique pour les vignerons ayant patienté. Les raisins récoltés sont extrêmement riches en sucres et peu acides.

En résumé, si le millésime a été dans l’ensemble chaud, très ensoleillé et peu pluvieux ce qui a limité la taille des baies et donc les rendements, il s’est dans l’ensemble très bien déroulé sur les périodes cruciales (floraison, véraison, vendanges) et a même offert toutes les conditions pour produire de très grands vins.

2022, UN MILLÉSIME GRANDIOSE !

Nous allons évidemment vous détailler comme chaque année nos dégustations primeurs et nos coups de cœur dans chaque région, mais voici déjà un point de vue global sur le profil des vins en 2022.

DES VINS BLANCS TRÈS AROMATIQUES

Selon les œnologues de l’ISVV, « Les sauvignons sont fruités, avec des arômes de zeste d’agrume et de fruits exotiques, tendres et précis ; ils séduiront ceux qui reprochent à ce cépage son caractère variétal affirmé. Les sémillons, parfois mous et amers sur des terroirs de second plan, développent d’intenses notes de pêche et d’abricot. Les plus réussis sont savoureux, équilibrés et persistants. ». De notre côté, les premières dégustations nous laissent penser que ces vins blancs secs séduiront les amateurs de vins fruités et peu acides, présentant de beaux amers.

Pour ce qui est des liquoreux, le bilan est moins homogène avec de fortes disparités selon les choix des vignerons (cf partie sur les conditions météo). Les vins récoltés les plus tardivement, à partir de la mi-octobre, affichent un profil très riche, profond et sapide, un style peu porté par la fraîcheur mais d’une grande richesse aromatique. Nous leur avons trouvé un style plus épicé que d’habitude, moins centré sur le fruité immédiat.

DES VINS ROUGES PRODIGIEUX

Du côté des vins rouges, le millésime est grandiose, partout !

Les merlots sont parfaitement fruités mais sans tirer vers la sur maturité, les arômes de fruits cuits ou à l’eau de vie. Un profil très charmeur et équilibré, fruité, élégant et suave.

Les cabernets francs sont très réussis également, offrant de beaux arômes de fruits noirs, une belle texture et de la fraîcheur.

Les petits verdots montrent un profil suave et des notes épicées.

Enfin les cabernets sauvignons, qui n’ont évidemment pas souffert de sous-maturité cette année sont magiques, notamment dans les grands terroirs, offrant une grande structure tannique et un caractère racé.

En résumé, ce millésime qui avait tout pour être un millésime très (trop) chaud, offre finalement des vins d’un grand équilibre, fruités, élégant et conservant de belle fraîcheur, avec des tanins et de l’alcool mais tout est bien intégré, le grain de tanin est fin : un millésime qui annonce un immense potentiel de garde mais qui pour autant se présente sous un profil très séduisant dès à présent. « les vins produits en 2022 apparaissent, au début de leur élevage, hors norme et remarquables ! », résument les œnologues de l’ISVV. Que demander de plus ?!

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